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Leibniz est il l’insupportable optimiste peint par Voltaire?

On ne connait souvent de Leibniz que son double fantoche du Candide de Voltaire: le Docteur Pangloss; celui qui glose sur tout avec une effrayante et dérisoire naïveté, qui soutient que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes face à l’incendie de Lisbonne, que Dieu est juste et bon alors qu’il permet le mal; en bref, celui qui a la foi et l’indéféctible calme de l’imbécile heureux que rien ne peut troubler.

Mais Voltaire est un fourbe, il n’est guère besoin de le prouver. Les besoins de la satire, l’indignation de bon ton d’une conscience moderne face aux désastres humains, justifient sa réaction quasi- allérgique à l’entreprise leibnizienne que les Essais de Théodicée, sur la bonté de Dieu, la liberté de l’Homme et l’origine du mal embrassent, à savoir la difficulté de tenir ensemble la justice de Dieu, sa préscience et sa Providence avec la liberté de l’homme, tout en le dédouanant de l’existence du mal sans réduire sa toute puissance. Gageure que relève vaillamment Leibniz en éclaircissant le sens des concepts utilisés et en montrant que seul un esprit grossier non introduit aux finesses des distinctions, peut conclure à la contradiction.

Que rien n’ait été fait pour tenter de rendre raison à Leibniz ne doit pas nous étonner: Le XXème siècle s’est montré tout aussi rétif que Voltaire à ce type d’entreprise, d’emblée soupconnée d’expliquer, c’est à dire de cautionner, Auschwitz et les chambres à gaz, les goulags, les guerres. Siècle de la mort de Dieu, l’iconoclaste XXème siècle a aussi été celui du règne de l’absurde, de la désertion du sens de l’Histoire et du réel, corrélativement à l’affirmation d’une absolue liberté humaine, fusse-t-elle pour le pire.

Se plonger dans la Théodicée ne revient pourtant pas à en admettre les prémisses et les conséquences; il s’agit simplement de critiquer l’injuste procès voltairien en démontrant que la pensée de Leibniz n’est pas uniquement élaboration de théologien qui proclame « O felix culpa! » « heureuse la faute car elle permet la rédemption en notre seigneur », mais oeuvre fine de rationaliste, de scientifique qui permet aujourd’hui encore à penser de facon originale la liberté humaine ainsi que la survivance de Dieu, dont l’idée a certes subi quelques égratinures,mais qui trouve et trouvera sans doute toujours des Leibniz pour en être les avocats.

La mauvaise foi de Voltaire est patente dans Candide ; il fait comme s’il n’avait pas vu que Leibniz écrit que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La thématique des mondes possibles introduit déjà une distinction intéressante: La monde que Dieu a crée est celui des mondes possibles qui est le meilleur, c’est à dire où le bien ne pourrait être augmenté sans augmenter le mal aussi. D’une volonté antécédante, inclinante,Dieu vise au Bien, mais d’une volonté conséquente, absolue,il vise au meilleur, équilibre atteint par le concours du mal.Cela explique l’écart entre la volonté de sauver tous les hommes et la necéssité finale d’en damner quelques uns.

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